Café des Arts des Sciences et des Techniques
organisé par Ars Mathématica, accueilli par La Fnac Digitale, en partenariat avec l'ECE
Dix-Neuvième Rencontre:


Hector ZAZOU
Création numérique visuelle et musicale
présentation du DVD
QUADRI(+)CHROMIES
en hommage à Bernard CAILLAUD

vendredi 23 juin 2006, 17H30-20H à La Fnac Digitale, 77-81 Bd Saint-Germain, Paris 6e (Odéon)
INTERVENANT 

Hector ZAZOU

Compositeur.
http://www.musicoperator.com

CONFÉRENCE
CRÉATION NUMÉRIQUE VISUELLE ET MUSICALE

Harmonie synesthésique des
formes chromatiques évolutives

Hommage
à la rigueur poétique de Bernard CAILLAUD

Présentation du DVD

Quadri(+)Chromies
MASO CD+DVD 90139

Couleurs, bruits, lumières, sons, mouvements , regards, gestes…
doivent être liés les uns aux autres de façon variée.

Arnold Schönberg


Quadri(+)Chromies marie les oeuvres numériques de Bernard Caillaud aux compositions musicales d’Hector Zazou. Images et musique sont gérées par ordinateur.

La dynamique des œuvres visuelles engendrées par des systèmes mathématiques abstraits se déploie au rythme d’une musique mariant instruments électroniques et orchestre de cordes. A la fois ludique et avant-gardiste, ce travail sans équivalent, qui a demandé deux ans de collaboration des auteurs, séduit par son humour, sa tendresse et la fausse simplicité de sa beauté. Un chef d’œuvre de l’art contemporain, qui affirme la relation profonde que la culture entretient entre l’art et la science.

L’œuvre de Bernard Caillaud ( + 2004) marque une étape fondamentale dans le développement de l’art algorithmique. Ce que l’on appelle art numérique ou création numérique, participe d’une révolution anthropologique liée à l ‘emploi de l’ordinateur comme outil de création artistique. Cette révolution peut être à juste titre dénommée révolution algorithmique, car elle dérobe l’initiative à la nature ou à l’homme pour la transférer à une loi automatique abstraite : l’algorithme. Constituant par là une blessure narcissique en tempérant l’illusion de  l’action souveraine de l’artiste entourée de tout un halo d’anthropomorphisme romantique. Mais si c’est l’automate qui produit matériellement les œuvres à partir de règles données par avance, c’est l’artiste qui arrête l’évolution de l’automate quand il estime avoir obtenu un résultat que sa sensibilité profonde sélectionne. L’ordinateur propose, l’artiste dispose.

Il y a là une voie d’accès nouvelle à la production de formes complexes. La création numérique a pour originalité et pour mérite de constituer une expérimentation systématique des phénomènes de la complexité. Dans la production de l’œuvre d’art comme dans sa forme retenue par l’artiste. On ne se borne pas à exhiber de la complexité comme dans un zoo, mais on joue des complexités comme un dompteur dans un cirque.

Comme un enfant, Bernard Caillaud, physicien et peintre, s’émerveillait de voir des algorithmes numériques sévères engendrer une luxuriance de formes étranges et poétiques. Installé dans le Jardin Non Linéaire, qui a poussé sur le terreau de la théorie des systèmes dynamiques des années 70, il en cultivait toutes les plantes étranges avec un étonnement sans cesse renouvelé. L’apparition spontanée des formes, l’autoorganisation, les évolutions paradoxales des figures complexes, le chaos déterministe, les comportements fantasques des images. Tout cela l’enchantait tout autant par l’aspect poétique que par le sentiment de dévoiler les nécessités secrètes du monde. Un sentiment renforcé par la lecture dès le printemps 2002, du livre de Stephen Wolfram : « A new kind of science ». C’était pour lui comme la Somme Théologique des automates cellulaires. Une bible qui venait à lui l’auteur d’une autre bible richement enluminée sur l’art numérique : «  La création numérique visuelle. Europia. Paris 2001 ».

L’œuvre de Bernard Caillaud affiche une démarche artistico-scientifique qui s’inscrit dans l’actualité la plus vive de l’univers scientifique, en jouant le rôle de passeur qu’ont toujours assumé les grands artistes.

Quadri+Chromies constitue comme une expérience synesthésique, ambitieuse tentative de faire voir le son et faire entendre les images. Ce n’est pas une simple illustration d’un parcours visuel, mais une véritable interaction entre images et sons entremêlés lors de la composition même de cette œuvre unique. Elle aurait dignement figuré dans la grande exposition «  Sons et Lumières. Une histoire du son dans l’art du XX°siècle. Centre Pompidou. Septembre 2004. » Se replaçant ainsi dans la lignée de tous ceux que fascine l’œuvre d’art totale qui associe visuel et sonore. Du père Castel au XVIII° siècle, aux multiples tentatives du XX° siècle. Kandinsky, Baranoff-Rossiné, Oskar Fischinger, Raoul Haussmann, Ben Laposky, Vikig Eggeling et bien d’autres. « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent » disait Baudelaire. Quadri+Chromies renouvelle complètement les tentatives de ces précurseurs dans le cadre technologique nouveau de l’art numérique.


Bernard Caillaud
http://www.bcr-caillaud.org


Hector Zazou
http://www.musicoperator.com


Il faudrait plusieurs ouvrages pour résumer les efforts de rapprochement entre les deux espaces(sonore/visuel) construits par nos sens.
Relations entre sons et couleurs, entre fréquences et longueurs d’onde, tous s’y sont mis, de Newton à Scriabine, de Valensi à Xénakis, de Schönberg à Baranoff-Rossiné, de Fischinger à Blanc Gatti, tous, jusqu’aux concepteurs de logiciels qui concoctent de charmantes boites noires : « input » musique « output » lumières, où les images sont asservies au rythme pour soutenir les oscillations des corps.. Le feedback apparaît aujourd’hui avec la synthèse graphique des sons

Dans tous les cas la liaison se doit d’être bien « lisible /visible » ou au moins bien assise sur un processus justifiable, démontrable donc compréhensible. Nous ignorons si cette Correspondance des Arts a un sens mais elle est sans cesse visitée avec avidité à travers le concept d’interactivité et sa valse de signaux déclencheurs d’effets. Mais nous savons bien que l’interactivité est un leurre, qu’il existe toujours un esclave et un maître et que l’un décide quand l’autre obéit. Détruire cette relation de dépendance, c’est se déconnecter pour mieux communiquer, laisser libre cours aux dialogues nés du hasard, se réjouir face aux incidents de synchronicité, rendre les incidents de parcours excitants, uniques.


Construire parallèlement au lieu de fabriquer en chaîne. Avec Quadri{+}Chromies nous avons choisis l’interdépendance contre la connection. Avec l’ambition de nous libérer de l’emprise du désir de compréhension pour mieux nous attacher aux subtilités de la perception.
Nous voulons suggérer du sens à partir de rencontres nées d’un travail acharné sur les systèmes et leurs plis et qui nous aura conduit devant des portes dérobées que nous nous sommes empressé de pousser.


De l’autre côté, nous avons trouvé un champ d’expérimentation non totalement maîtrisable entre le Musicien, le Plasticien, les Machines et des programmes minés par l’Aléatoire.


            Bernard Caillaud et Hector Zazou





IMAGES ET VIDÉO DE LA RENCONTRE

   












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