![]() organisé
par Ars
Mathématica, accueilli par La Fnac Digitale.
|
Vingt-Sixième
Rencontre: ENTRE "RÉEL" ET "VIRTUEL" : LA 3D DANS TOUS SES ETATS avec Simon DINER, Christian LAVIGNE, Michel DARONAT, Jean-Luc SAVARINO |
jeudi 18 septembre 2008,
18h00-20H à La Fnac Digitale, 77-81 Bd Saint-Germain, Paris
6e
(Odéon) |
Après
un an et demi d’interruption le Café des Arts des Sciences
et des Techniques reprend ses réunions. Il est accueilli par la
FNAC Digitale qui manifeste là le souci culturel de mettre en
place pour un public élargi, l’arrière plan
scientifique, philosophique et idéologique, de la pratique des
activités autorisées par les moyens technologiques
qu’elle met à la disposition de ses clients. La révolution numérique est au cœur de la révolution scientifique de notre époque portée par la cybernétique et la théorie de l’information. Elle rapproche les sciences et les arts, et provoque la prise de conscience de nombreuses problématiques. C’est sur ce terrain que nous allons évoluer. |
INTERVENANTS Simon DINER Directeur de Recherche retraité du CNRS, physicien et philosophe Christian LAVIGNE Cybersculpteur, co-fondateur d'ARS MATHEMATICA Michel DARONAT Directeur Technique de la société AXIATEC, spécialiste de l'Impression 3D Jean-Luc SAVARINOInfographiste 3D, Chef de projet chez XILAM productions |
images et vidéos de la rencontre |
CONSIDÉRATIONS SUR LA 3D ET SES ALENTOURS
Dans notre monde "globalisé" et surmédiatisé, il y a encore des révolutions invisibles. Ne parlons pas des chercheurs, des écrivains ou des artistes, qui travaillent à des idées nouvelles, dans la discrétion, l'incompréhension ou l'indifférence, mais de ceux qui fondent au grand jour les bases d'une société post-industrielle, au sens vrai du terme. Le vieil adage "si tu veux cacher quelque chose, met le bien en évidence!" n'est pas prêt d'être démenti. Pourtant, lorsque nous (les initiés ?) nous évoquons la véritable
révolution des objets numériques, le quidam, le politique, et même le
journaliste, manifestent leur étonnement: "mais de quoi causent-ils
?". Si l'on ajoute qu'on peut dématérialiser un objet avec un scanner et
le téléporter pour le rematérialiser ailleurs avec une imprimante 3D, on nous
prend pour des illuminés du fan club de Star Treck. Or il n'y a rien de plus sérieux que l'arrivée des machines à commande
numériques d'abord (début des années 50), puis des machines de prototypage ou
de fabrication rapide ensuite (fin des années 80), des instruments de
"reverse engineering" (type scanner), et des logiciels de CFAO
(Conception et Fabrication Assistées par Ordinateur) qui vont avec. Notre ami
Pierre BEZIER (qui fut membre d'Ars Mathematica), fut l'un de ces
"illuminés" qui changèrent la face de l'industrie, de l'architecture,
du design, et des arts plastiques (les écoles de Beaux-Arts françaises ne s'en
sont toujours pas aperçu, et le marché de l'art rechigne ou s'inquiète). Les imprimantes 3D, dont le coût baisse d'année en année, seront
disponibles telles nos imprimantes laser d'aujourd'hui, qui étaient naguère un
luxe. Reliées à Internet, elles permettront de télécharger des objets
numériques...et de les fabriquer chez soi, éventuellement modifiés selon les
goûts et les couleurs: figurines de BD, vaisselle, accessoires de décoration,
créations de design, et...œuvres d'art ! Pour les grandes pièces, ce sera comme
aujourd'hui: des entreprises spécialisées les fabriqueront à la demande, tel
cette société qui propose dès à présent des rouleaux de papier peint imprimés
numériquement selon les désirs de la clientèle. D'un point de vue économique,
le facteur décisif est et sera la diminution constante de l'écart de prix entre
un objet banal fabriqué en série, à l'ancienne, et ce même type d'objet,
personnalisé, fabriqué en un seul ou en quelques exemplaires par ces machines. D'où l'idée, que nous soutenons depuis plusieurs années, que l'ère d'une
Nouvelle Renaissance est commencée -
malgré les difficultés à organiser des projets pluridisciplinaires. Qu'on se le dise une fois pour toutes: un son, une image, un objet créés
par ordinateur, transportés par des réseaux de télécommunication, n'ont rien de
virtuel. Bien au contraire, ils sont stockés, matérialisés, déplacés sur des
supports physiques, avec tous les problèmes que cela entraine - comme celui de
la corruption ou de la conservation des données. Il faut une quantité
astronomique de matériel pour produire soit-disant de l' "immatériel"
!
Christian LAVIGNE, juillet 2008.
|
QUELQUES REFLEXIONS DE SIMON DINER L’art comme la science ont en commun une recherche de la représentation du réel, même si cela implique des visées aussi différentes que l’émotion esthétique ou la connaissance. Les techniques de numérisation et les développements de la réalité virtuelle qu’elles permettent viennent enrichir le débat central de la science sur la nature de la réalité et le sens de l’activité symbolique de l’homme. En guise d’introduction philosophique au thème de cette séance nous reproduisons quelques entrées du Lexique de philosophie naturelle de Simon Diner . Voir: http://www.peiresc.org/DINER/Lexique.pdf REALISME Le réalisme est une attitude ontologique affirmant qu'il existe une réalité indépendante de tout observateur. Les choses existent en dehors de nous. Comme le dit joliment Baudelaire : « Le monde comme si je n’étais pas là pour le dire ». Au réalisme s’oppose l’idéalisme*. Au Moyen Age le réalisme est la doctrine selon laquelle les universaux* ou entités abstraites existent indépendamment de l’esprit. C’est une démarche platonicienne attribuant une réalité à des formes séparées. Elle s’oppose au nominalisme*. Elle inspire le logicisme* en mathématiques. Aujourd’hui le réalisme est la doctrine selon laquelle les objets physique existent indépendamment de la perception. Le réalisme reste une hypothèse métaphysique tant que l’on ne fournit pas d’information sur la connaissance de cette réalité (Cf. Réalisme scientifique*) REALISME SCIENTIFIQUE Le réalisme scientifique est une attitude ontologique et épistémologique affirmant qu'il existe une réalité indépendante de tout observateur et que les théories scientifiques, même lorsqu'elles s'aventurent au delà de l'observable, se réfèrent (référence*) à cette réalité. Le but de la science est de donner une description littérale et objective d’un monde fait de lois, d’entités, de propriétés et de relations, et le succès de la science confirme la justesse de cette attitude. La considération de l’histoire de la science tempère un peu la justification du réalisme scientifique par les succès de la science. Des théories en ont remplacé d’autres qui furent considérées en leur temps comme de grands succès. Le choix des faits* et des concepts* dépend de l’époque et la notion de succès peut s’avérer relative. L’astronomie de Ptolémée* a eu un grand succès pendant des siècles avant d’être remplacée par celle de Copernic* et Kepler*. Les succès de la science contemporaine ne sont cependant pas tant théoriques que technologiques. La réalité de l’électron est affirmée par l’électronique, la réalité des gênes est prouvée par les manipulations génétiques. Différentes doctrines ou attitudes sont opposées au réalisme scientifique ( anti-réalisme*). Sans être nécessairement opposées à l’existence de la chose en soi, elles nient toutes la possibilité d’une telle connaissance. Citons l'instrumentalisme*, le conventionnalisme* , le constructivisme* et le fictionnalisme*. REALISME STRUCTURAL Le réalisme structural pense qu'à l'intérieur d'un cadre théorique donné, ce ne sont pas les entités qui sont douées de réalité mais les relations entre ces entités. Les théories ne nous parlent pas des objets dont le monde est fait mais de structures* et de relations*. Une bonne théorie serait donc un reflet de la réalité structurale de la nature. Les structures mathématiques d'un "Comme si" livreraient donc les structures mathématiques du "Comme çà". Une telle pensée sous-tend toute l'activité de modélisation* et de simulation* de la Cybernétique* contemporaine, qui est parfaitement consciente de la multiplicité possible des réalisations d’une même structure par les modèles mis en place pour le fonctionnement d'une boîte noire*. Ceci apparaît clairement dans l'existence des différentes interprétations* de la Mécanique Quantique. Mais ceci se manifeste aussi dans l’existence de principes de correspondance* entre théories, où l’on voit une structure se maintenir d’une théorie à l’autre, comme dans les procédures de quantification* qui opèrent le passage de la mécanique classique à la mécanique quantique en maintenant la structure formelle de la mécanique classique. Le réalisme structural pose le problème du rapport des mathématiques à la réalité ( Mathématiques et réel*, Géométrie et réalité*). Peut on affirmer que les mathématiques et le monde sont construits selon les mêmes principes de la raison qui permettraient une représentation des relations logiques entre éléments du monde par des relations logiques entre éléments mathématiques ? Dans ce cas une logique universelle régirait le monde et les mathématiques. Ceci relève d’une certaine mystique à moins que l’on ne fasse intervenir la nature de la connaissance humaine. ACTUALISME L’actualisme est une position philosophique selon laquelle tout ce qui est – c’est à dire tout ce qui peut, en un sens quelconque, être qualifié d’existant – est actuel*. Etre c’est exister. L’actualisme s’oppose au possibilisme*. ACTUEL Modalité* de l'être opposée à la puissance*. Il s'agit de l'existence réalisée, de l'existence en acte. La physique post-médiévale, dans sa volonté anti-aristotélicienne, s'est longtemps voulu une physique des grandeurs actuelles. Mais à leur corps défendant les physiciens ont été amenés à réintroduire des grandeurs potentielles et à les considérer au même titre que les grandeurs actuelles. REPRESENTATION La représentation est soit l'image* d'un objet soit l'action de constituer cette image de l'objet. Il y a là mise en correspondance de deux réalités dont l'une représente l'autre. Cette capacité à représenter l'autre est appelée intentionnalité par les philosophes et est considérée comme une notion centrale du fonctionnement de l'esprit humain. L'hypothèse centrale des sciences cognitives* contemporaines est que la pensée peut être le mieux comprise en terme de structures de représentation dans l'esprit avec des procédures de calcul qui opèrent sur ces structures. La représentation suppose une affinité, une analogie* ou une ressemblance liés au système d'interprétation dans lequel la représentation s'insère. La langue naturelle est un système de représentation de la réalité. Dans la philosophie matérialiste (marxiste) la représentation est dite reflet* de la réalité matérielle, et se voit attribuer un rôle universel dans la matière. En Mécanique Quantique*, les observables* sont représentées par des êtres mathématiques, appelés opérateurs*, et dont la signification peut dépendre du système d'interprétation* du formalisme. IMAGE Il y a une grande diversité d’emploi du mot image, comme objet second par rapport à un autre. Un « Comme si » correspondant à un « Comme çà ». L’image est une représentation*, mais elle doit satisfaire à certains critères de ressemblance ou d’analogie*. Dieu créa l’homme à son image, mais l’homme n’est pas une représentation de Dieu. Pour Platon le monde est une image du monde des idées sans pour autant les représenter. L’impression de ressemblance entre l’image et le réel est une construction mentale, tout comme un modèle*. C’est une déformation de la réalité, qui joue un rôle médiateur dans la connaissance de celle ci. L’image n’est pas une pure réplique du monde ( mimésis* ), mais elle se fabrique et se décrypte selon certaines règles. Toute image pour exister pleinement pour la conscience doit de ne pas se confondre avec la chose même, au point qu’une représentation n’est jamais davantage image qu’en l’absence de la chose représentée. L’imagination est d’ailleurs la représentation en l’absence de la chose. Le vide de l’icône permet d’éviter l’idolâtrie. L’image n’est pas la chose même sinon elle ne serait pas une représentation mais sa présence. L’image constitue une catégorie mixte et déconcertante qui se situe à mi chemin du concret et de l’abstrait, du réel et du pensé, du sensible et de l’intelligible. Image visuelle, image abstraite, image verbale, elle est une représentation médiatrice qui collabore aussi bien à la connaissance du réel qu’à sa dissolution dans l’irréel. A la différence du symbole* et de la métaphore* l’image occupe dans l’espace-temps une position semblable à l’objet, ne fusse que par une similitude de forme*. La culture du début du XX° siècle a été marquée par une crise des images et de la figuration qui s’est manifestée avec force dans l’apparition de l’art abstrait et dans le développement de la mécanique quantique*. Cette disparition de l’image a suscité et suscite encore bien des résistances au point que la mécanique quantique garde un parfum d’ambiguïté, témoin de sa constitution par un usage métaphorique massif des images mécaniques classiques, tout en reconnaissant que l’objet quantique n’a pas de représentation dans l’intuition sensible. Ce qui n’empêche pas la permanence d’un discours qui oppose l’image ondulatoire à l’image corpusculaire, ou jongle allègrement avec la notion d’orbite à défaut de pouvoir parler de trajectoire. La mécanique quantique marque le passage d’une physique des images à une physique des symboles préparée depuis la fin du XIX° siècle par les idées des physiciens allemands comme Helmholtz* ou Hertz*. VIRTUEL Du latin virtus - force, puissance. Caractéristique modale* dont les emplois fort différents trahissent les diverses démarches psychologiques et cognitives d'appropriation du réel, ainsi que les tensions liées au désir constant de réification*. C'est souvent la marque d'un "Comme si" qui cherche à se faire passer pour un "Comme çà". Témoin l'usage contemporain du terme "Réalité virtuelle*", pour désigner les images de synthèse et leur manipulation. On tente d'accréditer l'idée d'un substitut du réel. D'une manière générale virtuel est opposé à actuel*, désigne le non-actuel, et semble souvent utilisé dans le même sens que possible* en puissance*. Mais on peut distinguer un sens faible, marquant seulement une possibilité, et un sens fort suggérant une actualisation imminente. La langue courante considère ce dernier cas en insistant sur la proximité du virtuel et de l'actuel. Elle parle par exemple d'un résultat électoral virtuellement acquis. La physique utilise le terme de virtuel en un sens fort opposé, où virtuel signifie fictif mais raisonnable. Et pourtant rien ne ressemble plus à la réalité que ce fictif virtuel. Tout comme la distinction des théologiens entre une présence "virtuelle" et une présence "réelle" du Christ dans l'Eucharistie. Les images (sources) virtuelles de l'Optique, les trajectoires virtuelles et les travaux virtuels de la Mécanique Classique*, les oscillateurs virtuels de la Représentation de Fourier*, les particules virtuelles de la Théorie Quantique des Champs*, sont à la fois fictifs et à la fois si suggestivement vrais qu'on y croirait. Nombreux sont ceux qui s'y sont laissé prendre, au point de justifier cette virtualité réelle par une existence éphémère. Un autre emploi de la virtualité en physique l’est au sens faible dans la désignation par le préfixe « quasi » d’objets mathématiques ayant beaucoup de caractéristiques de certains objets physiques ou mathématiques. C’est le cas pour les quasi particules* ou le caractère quasi aléatoire*. Le virtuel hante l'univers du "Comme si". C'est le héros du simulacre* et de la simulation*. FICTIONNALISME Conception selon laquelle le contenu référentiel des théories ou des modèles est un leurre. Ce sont des fictions*. Dans sa « Philosophie du ‘comme si’ » (1911) Hans Vaihinger a développé un fictionnalisme généralisé qui est un anti-réalisme* radical au service d’un pragmatisme* délibéré. La fin du XIX° siècle voit naître, après la longue domination du réalisme* artistique et scientifique, une prise de conscience de l’écart entre notre perception ou notre représentation du monde et le monde tel qu’il est supposé être en notre absence. La connaissance n’est pas une copie de la nature mais donne naissance à des formations abstraites ou symboliques, véritables fictions* à statut pragmatique*, dont l’efficacité cognitive reste à comprendre. Cette autonomie des représentations* constitue le fond sur lequel se développent des philosophies de la connaissance comme celles de Helmholtz*, Mach*, Duhem*, Hertz*, Poincaré*, Vaihinger*, Cassirer*……qui sont autant d’anti-réalismes* considérant que les objets de la connaissance sont des produits de notre esprit, de notre perception ou de notre raison. Ce débat réalisme*-anti-réalisme* n’a pas cessé . Aux ismes traditionnels est venu s’ajouter le fictionnalisme pour désigner une doctrine universelle, formulée par Vaihinger, selon laquelle nos conceptions et nos théories sont construites sur des fictions . Les écrits d’anti-réalistes notoires comme Nancy Cartwright* (« How the law of physics lie ») ou Bas van Fraassen* (« The scientific image ») ont marqué la philosophie des sciences des cinquante dernières années. Le Symbolisme*, l’Abstraction*, le Formalisme*….. la Cybernétique* se développent sur ce fond idéologique commun à tout le XX°siècle. Par sa démarche modélisatrice, constructiviste et abstraite, la cybernétique* a joué un rôle essentiel dans le développement du fictionnalisme. Le débat s’enrichit plus récemment de l’apport des sciences cognitives*. SYMBOLE Le symbole est un signe* où le signifiant* est lié à un signifié* (ou un référent*) de manière arbitraire conventionnelle. L'activité symbolique consiste à associer un ou plusieurs signes à un même sens, à changer de signe sans changer de signification. Elle s'oppose à priori à l'activité métaphorique* qui consiste à changer de sens sans changer de signe. Mais symbole et métaphore sont étroitement associés dans le discours lors des glissements qui président à la création du sens. Car changer de signe ouvre toujours la voie à un changement métaphorique du sens. Le symbole n’est pas une dénotation* mais plutôt une expression*. Le mot symbole est couramment utilisé de manière impropre pour désigner le signifiant* d’un signe* sans se préoccuper d’une quelconque signification*. On parle ainsi de symboles mathématiques. SYMBOLISME Le symbolisme est une des manifestations les plus éclatantes de la spécificité des processus cognitifs chez l’homme. Il est profondément lié aux facultés de distanciation et d’autonomie par rapport au réel. Il est la capacité de dédoubler l’objet de sa représentation et la représentation de son signe. Il est le mode de manifestation de l’invisible et du non-présent. Il est le mécanisme par lequel l’homme échappe à la littéralité. Il s’éloigne du réel pour mieux y revenir et l’appréhender. SYMBOLISME EN PHYSIQUE Le symbolisme en physique est un point de vue épistémologique selon lequel les concepts de la physique ne sont pas des imitations* ou des représentations* de choses existantes mais seulement des symboles* mettant en ordre et en relation la réalité d’une manière fonctionnelle. Les objets de la physique ne sont pas les signes* de quelque chose d’objectif mais des signes objectifs à l’intérieur d’un cadre théorique. C’est un point de vue anti-réaliste*, car le symbole est un signe* où le rapport entre le signifiant* et le signifié* est purement conventionnel. C’est là une démarche qui remonte à Leibniz* dans sa conception de la connaissance symbolique, de son examen de la relation entre les choses et les mots, entre le signe* et ce qu’il désigne, et de sa théorie de l’expression*. Leibniz insiste sur la cognitio symbolica, selon laquelle l’homme ne peut penser et connaître qu’à l’aide de signes naturels ou artificiels, à caractère symbolique, c.a.d. ne constituant pas une image directe de la réalité. Cette tradition conceptuelle va jouer un rôle important dans la pensée de Kant* tout en y subissant des transformations profondes. Kant développe sa théorie des schémas comme procédure qui nous permet de fournir une image pour un concept, une procédure universelle d’imagination*. C’est la redécouverte de l’œuvre de Leibniz au début du XIX °siècle en Allemagne puis son influence explicite sur les travaux de la logique* moderne en particulier chez Frege* et le rôle essentiel des symboles* dans les conceptions logiques de Boole* en Angleterre, qui vont acclimater les conceptions du symbolisme* dans la formulation des lois de la pensée. Dès le milieu du XIX° siècle le physiologiste et physicien allemand Helmholtz* s’inscrit dans la lignée de Kant en soulignant que nos représentations du monde extérieur sont conditionnées par nos modes de perception et l’organisation de notre esprit. Nos sensations sont uniquement des signes* et non des images* des choses. Helmholtz déjoue le piège physicaliste dans la théorie de la perception*. Le signe* n’a pas nécessairement une ressemblance avec ce dont il est le signe. La nature du signe n’a pas d’importance, ce sont les lois entre les signes qui comptent. Mais c’est le physicien Hertz* qui va populariser en physique la doctrine des symboles de Helmholtz. Dans ses « Principes de la mécanique » il considère que nous utilisons des images comme représentation des choses sans qu’elles aient besoin pour remplir leur tâche d’aucune espèce de conformité avec les choses. Ce sont les relations entre les images d’objets qui sont des images des relations entre objets. Bien que les mots renvoient aux choses de façon arbitraire notre agencement des mots veut renvoyer à l’agencement des choses. Hertz était beaucoup plus satisfait par les équations mathématiques que par les images mécaniques. C’est d’ailleurs lui qui a donné aux équations de Maxwell* leur forme mathématique actuelle. Il y a entre la théorie de Helmholtz et celle de Hertz une différence fondamentale en ce que chez l’un les signes sont liés aux impressions sensuelles et chez l’autre sont de libres créations de l’esprit. Selon la distinction de Peirce* ce sont des signes* qui sont soit des indices soit des symboles. Conception qui aura un grand retentissement à travers des philosophes comme Wittgenstein* ou Cassirer*. Ce dernier , dans la « Philosophie des formes symboliques » (1927) considère que nous forgeons des symboles* ou des simulacres* internes des objets extérieurs, d’une nature telle que les conséquences logiques de ces symboles soient elles mêmes les images des conséquences nécessaires des objets naturels qu’ils reproduisent. Il y a là une pensée conventionnaliste* qui se trouve aussi développée par Duhem* et Poincaré*. Une pensée anti-réaliste* et fictionnaliste* qui s’ouvre en fait sur un réalisme structural*. Les théories sont structuralement correctes sans pour autant être des miroirs des objets de la nature. Selon les termes de Poincaré : « ce qu’elle (la science) peut atteindre, ce ne sont pas les choses en elles mêmes, comme le pensent les dogmatistes naïfs, ce sont seulement les rapports entre les choses; en dehors de ces rapports il n’y a pas de réalité connaissable ». Des idées qui ne sont pas étrangères au positivisme logique* et à son représentant éminent Rudolf Carnap* dans sa construction logique du monde. Une pensée qui est aussi celle du grand mathématicien et physicien Hermann Weyl* qui ouvre la voie aux théories de champ de jauge* dans la théorie des champs*. Il est très voisin de Cassirer en privilégiant la forme symbolique sur la forme substantielle* (« Qu’est ce que la matière-1923-) . « C’est par la liberté* dans l’action symbolique que l’esprit construit lui même en physique un cadre auquel il rapporte l’ensemble des phénomènes. Il n’a pas besoin pour cela d’éléments importés comme l’espace et le temps, et les particules de substance ; il tire toutes choses de lui même ». Les conceptions de Weyl vont régner sur la théorie quantique des champs* à travers son usage massif de la théorie des groupes* et des représentations géométriques. La conception sémiotique de la physique et le réalisme structural* sont des courants influents de l’épistémologie de la physique contemporaine. SIMULATION « Dissimuler est feindre de ne pas avoir ce qu’on a. Simuler est feindre d’avoir ce qu’on a pas. L’un renvoie à une présence, l’autre à une absence. » (J. Baudrillard). La simulation laisse croire à une présence au moyen de signes qui font illusion. Simuler une maladie, simuler la folie, c’est en produire les symptômes dans une situation où les phénomènes réels sont absents. L’engendrement sur ordinateur des évènements mathématiques correspondant à des évènements ou des formules constitue une simulation des phénomènes physique réels que ces expressions mathématiques représentent. La simulation réalise la mimésis* au sens courant de l’apparence des choses. Elle n’est qu’apparence de la réalité. Une représentation* de la réalité. SIMULACRE Le simulacre c’est feindre de faire ce que l’on ne fait pas. Le simulacre remplace la réalité par une réalité différente qui semble se comporter de la même manière. Un simulacre d’exécution est un comportement semblable à celui d’une exécution mais ne représente pas une exécution réelle. Alors que la représentation* d’une exécution par l’image relève de la simulation*. Le simulacre met en jeu la mimésis au sens de l’imitation du comportement dans son déroulement ou ses accomplissements. Un tissu est un simulacre de toile d’araignée, tout comme une simulation de Monte Carlo* est un simulacre du phénomène réel représenté par une équation. L’astronomie de Ptolémée est un simulacre du mouvement des planètes. Le simulacre est un « Comme si » parfait. La cybernétique* est le règne du simulacre. |
IMAGES ET
VIDÉO DE LA RENCONTRE
![]() Présentation par Christian LAVIGNE ![]() Introduction philosophique par Simon DINER ![]() Conférence de C. LAVIGNE sur la création 3D ![]() Présentation par Michel DARONAT des techniques d'Impression 3D nouvelles mises au point par AXIATEC ![]() Jean-Luc SAVARINO, pionnier de l'animation 3D, présente ses derniers travaux ![]() Exemples de sculptures en Impression 3D couleur AXIATEC (l'image, prise sans flash, ne rend pas bien la vivacité des couleurs) Nos excuses pour les problèmes de son de la vidéo de cette rencontre.
La caméra utilisée avait été pourtant préalablement donnée à réviser...à la FNAC DIGITALE. Les cordonniers, etc. |
>>>
retour <<< |