![]() organisé
par Ars
Mathématica, accueilli par La Fnac Digitale.
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Vingt-Septième
Rencontre: DE L’INFORMEL DANS LE FORMEL : LES INTERFACES MUSICALES INFORMATIQUES ET LES NOUVELLES ÉCRITURES avec Patrick SAINT-JEAN |
jeudi 16 octobre 2008,
18h00-20H à La Fnac Digitale, 77-81 Bd Saint-Germain, Paris
6e
(Odéon) |
INTERVENANT Patrick SAINT-JEAN Département Design de l’Ecole Normale Supérieure de Cachan. Membre d'Ars Mathématica, co-organisateur du symposium "Sculpture et Mathématiques 2007" à l'ENSAM de Paris. Patrick Saint-Jean fait parti de ceux qui ont compris dès les années 60 que la vague de nouvelles technologies de l'époque liées aux Centres de calcul pouvaient apporter beaucoup à la création et à l'invention. Ayant été formé à la musique classique au Conservatoire des Gobelins, tout comme à la peinture et la sculpture traditionnels, ses désirs d'adolescence d'autres horizons, sans renier les bases acquises, l'engageaient dans l'aventure des nouvelles musiques, concrètes, expérimentales, électroacoustiques, électromagnétiques, électroniques, et surtout formelles et cybernétiques avec ceux qui furent ses maîtres comme Iannis Xenakis et Nicolas Schöffer, mais aussi Pierre Henry et Pierre Schaeffer. Il fera parti des pionniers qui mettront en place dans les années 70 les mini-ordinateurs, et la micro-informatique dès les années 80, dans les laboratoires scientifiques (CEA pour l'imagerie biomédicale pour la protection 1974-79, CNES-Numélec pour la fusée Ariane, 1982) et les ateliers d'artistes (CEMAMu, Centre de Mathématique et Automatique Musicale, CNET Centre Nationale d'Etudes des Télécommunications , 1974-78)) où il sera le concepteur et co-réalisateur du premier UPIC (Unité PolyAgogique Informatique du CEMAMu) ouvrant ainsi la voix vers les nouveaux interfaces de compositions musicales et visuelles. Les nouvelles écritures (musicales, architecturales, informatiques, mathématiques, ... et philosophiques), donnant de nouvelles esthétiques de la pensée et de l'expression créatrice, en mêlant le différant au semblable, le chaos à l'ordre, l'informe à la forme, tant de l'objet, de l'espace, de l'environnement et du comportement que de l'écriture grammatique, diagrammatique et programmatique , conduisaient progressivement à l'ouverture du texte (hors et en contexte) vers l'image et le Design du concept multimédia, du conversationnel à l'interactivité, à l'intercréativité, et à l'intercréactivité avec la conception d'interfaces multimédia permettant la coopération musique, son, image, texte, animation 2D et 3D, et processus temps réel partagés en réseau allant du D-J (Disque Jockey) au K-J (ou C-J pour Connaissance Jockey) en passant par le V-J (Vidéo-Jockey) dans les Cyber-Espaces. Concepteur également du PolyAgogique CyberSpace dans les années 90 (LIASA, UFR APSA Université Panthéon Sorbonne, LTNIS, CREACI, CREDACI, ENS Cachan), Patrick Saint-Jean lance maintenant l'Open-Agogie avec la polyagogie (en hommage à ses maîtres) et la cyberagogie comme nouvelle pédagogie avec le projet coopératif de la nouvelle version du PolyAgogic Cyberspace (renommé CyberAgogic) intégrant les interfaces Open-Music et Open-sources Blender3D et les badges interactifs des Arts Mobiles Interactifs. Site Web: http://patrick.saintjean.free.fr/ Page de la conférence: http://patrick.saintjean.free.fr/PACS/Bibliographie/InterfacesMusicalesAM08.html
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L'agogique (néologisme de
l'Allemand agogik
proposé en 1884 par Hugo
Riemann)
désigne les légères modifications de
rythme ou de
tempo dans l'interprétation d'un morceau de musique de
manière transitoire, en
opposition à une exécution exacte et
mécanique.
L'agogique
peut être une accélération, un
ralentissement, une césure rythmique au sein d'un morceau.
Elle est par conséquent
une part importante de l'interprétation. Par extension, le
terme s'applique à « la
théorie du mouvement dans l'exécution
musicale ». |
images et vidéos de la rencontre (disponibles après le 16 octobre) |
L’UPIC
de Xenakis
Le compositeur Iannis Xenakis découvre dans les années 1950 l’intérêt des correspondances entre dessin et musique tant du point de vue formel que de celui du timbre et du motif. Ces manifestations de phénomènes synesthésiques ont intéressé Scriabine ou Messiaen ainsi que Kandinsky. Compositeur et architecte, Xenakis s’est rendu compte de ce que le même dessin pouvait générer des éléments formels servant aussi bien à l’architecture qu’à la musique. Ainsi les formes hyperboliques paraboloïdes du Pavillon Phillips de l’Exposition de Bruxelles de 1958 sont tirées des graphismes de son œuvre orchestrale Metastasis. Le centre CEMAMu, ( Centre d’Etudes de Mathématiques et Automatique Musicales), fondé par Xenakis, met au point dans les années 1970 une première version de l’UPIC (Unité Polyagogique Informatique du CEMAMu). ![]() La musique peut être composée sur une table graphique en dessinant des formes d’ondes et des enveloppes d’amplitude. La page UPIC était à la fois une partition et un exemple de synthèse graphique où des graphismes contrôlaient des paramètres de la synthèse additive et de la modulation de fréquence. En 1987 une version temps réel de l’UPIC est produite par le CEMAMu. L’utilisateur peut ainsi entendre immédiatement la transcription musicale de ses graphiques. Une version sera implémentée sur ordinateur personnel en 1991, puis la première version de l’UPIC entièrement logicielle est créée sous le nom d’UPIX en 2001. A la mort de Xenakis, Julio Estrada prend la direction du CEMAMu et propose une extension du principe de saisie graphique à tous les paramètres de la musique et d’élargir l’ambitus utilisable de façon à réaliser un continuum rythme-timbre (des sons extrêmement graves finissent par devenir des grondements, puis des battements). De nombreux compositeurs et élèves en composition ont fréquenté les ateliers UPIC (fondés en 1985), rebaptisés CCMIX en 2000. Il est actuellement dirigé par le compositeur Gérard Pape. L’idée de lier la musique à la représentation graphique a été reprise par des logiciels comme Metasynth. Cependant leurs concepteurs - bien qu’ils aient développé des logiciels intéressants - n’ont pas compris que l’idée de l’UPIC n’était pas de traduire une image quelconque en résultat sonore, mais plutôt que l’image serve de représentation graphique souple à cette masse sonore. ![]() Les réactions face à l’UPIC sont unanimes : l’outil est fantastique, mais son développement est resté figé depuis 1991, et cela malgré les énormes progrès accomplis dans l’informatique en général. Outre que l’ancien UPIC est toujours utilisé, son aspect avant gardiste s’est un peu estompé. Explications sur l'UPIC (en anglais): http://membres.lycos.fr/musicand/INSTRUMENT/DIGITAL/UPIC/UPIC.htm |
QUELQUES REFLEXIONS DE
SIMON DINER La musique est un art et une science où l’art a toujours eu beaucoup de mal à s’imposer au dépens de la science. Pendant des siècles la musique était considérée comme une partie du savoir humain englobée dans la mystique du nombre. Dans le quadrivium médiéval la musique était subordonnée à l’arithmétique. La conviction était que la musique est une science mathématique, conviction encore bien répandue. Descartes l’affirmera sans ambages dans son traité latin sur la musique et Rameau le répétera après lui dans la préface de son Traité d’Harmonie de 1722. A travers la musique on accède à une vision de la structure de l’univers et de son harmonie, dont Platon a dans le Timée laissé une illustration saisissante. Il faudra attendre le début du XVIIIème siècle pour reconnaître que la musique est un phénomène psycho-physique, lorsque Joseph Sauveur établit que la hauteur d’un son est la fréquence de la vibration sonore et que les harmoniques jouent un rôle dans la consonance. La physique remplace alors la mathématique, introduisant avec elle la richesse des considérations dynamiques à propos des phénomènes sonores et de leur engendrement. Helmholtz, le grand physicien, jeta les bases physiques et psycho physiques de la consonance et de l’harmonie. Ce n’est que dans les années 1930 que l’on prendra pleinement conscience de la complexité du son musical, phénomène non linéaire complexe de nature en général auto-oscillatoire, aussi riche en états stationnaires qu’en transitoires. Ouvrant ainsi la voie à une théorie approfondie du fonctionnement des instruments de musique et à une injection massive des moyens électroniques et informatiques dans les opérations d’engendrement du matériau sonore. On assiste alors à un retour des mathématiques dans la composition musicale. Lorsqu'il est question du lien entre mathématiques et musique au vingtième siècle, le nom de Iannis Xenakis est souvent un des premiers à être évoqué. En effet, dès Metastasis (1953-54) l'ingénieur devenu architecte et compositeur multiplie les créations d'oeuvres composées à l'aide de principes issus des mathématiques - de la théorie des probabilités jusqu'à celle des groupes - seul point de départ possible pour échapper, selon lui, à la "pensée linéaire" dans laquelle l'ensemble des compositeurs de son époque s'étaient fourvoyés. La démarche xenakienne part d'un parti pris : la musique a besoin de l'apport des mathématiques pour pouvoir évoluer. Ceci est, après tout, loin d'aller de soi et sous-entend une grande confiance dans le pouvoir des mathématiques à assumer un rôle prédominant dans la création musicale. Mais dans sa perception et sa notation la musique est aussi profondément un phénomène culturel. A travers la technologie c’est bien souvent la culture qui s’exprime. Avec ses grandes options philosophiques. La musique contemporaine est partie intégrante de la cyberculture. CYBERCULTURE Terme désignant une idéologie et une tendance culturelle se développant sous l’influence de la théorie de l’information*, de la cybernétique* et de l’informatique*. Trois domaines scientifiques et technologiques qui ont en commun une attitude face au réel privilégiant l’organisation* par rapport à la substance*, la structure* par rapport à l’aspect particulier des choses, la syntaxe* par rapport à la sémantique*. Ce qui fait que Norbert Wiener puisse regarder d’un même œil l’homme, l’animal et la machine. Ce qui fait que l’ordinateur modélise indifféremment des phénomènes d’origine totalement disparate. Ce qui fait que l’on a pu crier à la disparition de l’humain. Ce que d’aucuns appellent le paradigme cybernétique*. La substitution d’une réalité virtuelle* au monde réel, condition du développement de la communication*, source de la globalisation mondiale. Tout comme la démonétisation de l’argent par le système bancaire avait permis le développement du capitalisme marchand. Exemples représentatifs des rapports entre « technologie et idéologie* ». Un mouvement des esprits, amorcé par les développements de la logique mathématique* et les manifestations de l’art abstrait*, repris par la mécanique quantique* et codifié par la théorie de l’information* et la cybernétique*. Un univers dont la description fait de plus en plus appel à la notion d’information*, remplaçant comme acteur principal la matière* et l’énergie*. Un univers où exister c’est informer. Le grand physicien J.A. Wheeler* utilise une formule lapidaire : « it from bit ». QUELQUES RÉFÉRENCES
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