Café
des Arts des Sciences
et
des Techniques organisé
par Ars
Mathématica, accueilli par La Fnac Digitale.
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Vingt-Huitième
Rencontre: dans le cadre de la Fête de la Science liaison en visioconférence vers "3D, Science et Patrimoine Culturel", ENSAM de Metz Reconstruction 3D de la Villa des Mystères de Pompéi avec le Pr. Gilles SAURON (Sorbonne - Paris IV), le Dr. Jean-François BONNET et Maria HERNANDEZ (réseau INOLAM) |
jeudi 20 novembre 2008,
18h00-20H à La Fnac Digitale, 77-81 Bd Saint-Germain, Paris
6e
(Odéon) |
INTERVENANTS Pr. Gilles SAURON Professeur d'archéologie Romaine à l'Université Paris IV – Sorbonne. Gilles SAURON, ancien élève de l'École normale supérieure, ancien membre de l'École française de Rome, agrégé de lettres classiques, docteur d'Etat, est l'auteur de nombreuses études sur l'art romain. Il fonde ses analyses sur une confrontation entre les sources textuelles, la tradition iconographique et les ensembles monumentaux légués par l'Antiquité, et s'intéresse particulièrement à la sémantique architecturale, au symbolisme ornemental et aux rapports de formes et de significations entre les décors publics et les décors privés des Romains. Gilles SAURON, professeur d'archéologie Romaine à l'Université Paris IV – Sorbonne, préside l'Association des professeurs d'archéologie et d'histoire de l'art depuis 2006. Dr. Jean-François BONNET Docteur et ingénieur en informatique. Ingénieur électro-informaticien de formation, Jean-François BONNET a travaillé une dizaine d'années au sein du département R&D d'une grande entreprise européenne. Après une thèse en entreprise sur les applications pour systèmes embarqués du traitement d'images et de l'intelligence artificielle, il a créé et dirigé pendant 5 ans le département technologies multimédia dans une grande école d'ingénieurs. Consultant en entreprise et formateur sur les technologies et applications du multimedia depuis une dizaine d'années, il enseigne dans plusieurs établissements d'enseignement supérieur et universités. Maria HERNANDEZ et le réseau INOLAM Par ses activités, la sté INOLAM se trouve au carrefour de projets innovants portés par différentes entités au coeur de l'innovation, de la recherche et du développement. Les activités du réseau INOLAM impliquent différents partenaires (sociétés innovantes, coles/universités, laboratoires de recherche...). INOLAM propose du conseil en innovation, des formations aux technologies émergeantes, des services à forte valeur ajoutée, de l'édition de logiciels. Parmi les projets phares d'INOLAM: ASTRALE, qui se donne pour but la mise en oeuvre du 1er musée virtuel, afin de donner accès à des objets du patrimoine et des oeuvres de création contemporaines numérisés lors de conventions et de contrats de partenariat.
Site Web: http://www.inolam.fr |
images et vidéos de la rencontre (disponibles fin novembre) |
LA GRANDE FRESQUE DE LA
VILLA DES MYSTERES A POMPEI - Memoires D'une Dévote De
Dionysos, par Gilles SAURON, éditions PICARD. Je m'intéresse depuis une trentaine d'années à la grande fresque de la villa des Mystères à Pompéi. C'est sans doute une des peintures les plus célèbres de l'histoire, dont la réputation tient d'abord à la beauté et à l'étrangeté de la figuration de 27 personnages en grandeur naturelle, hommes et dieux, qui se côtoient sur le pourtour d'un salon appartenant à une villa dont la propriétaire était à la fois une contemporaine et une voisine de Cicéron. Mais il s'agit surtout d'une peinture énigmatique dont la signification avait été volontairement "obscurcie" : c'est ce qui explique la multitude des interprétations auxquelles elle a donné lieu depuis un siècle (une trentaine !). J'ai présenté dans mon livre, outre une iconographie très analytique de cette peinture et une histoire de ses interprétations, une sorte de "lecture" de son contenu, qui explique l'extraordinaire fascination qu'elle exerce sur notre sensibilité contemporaine : car cette fresque constitue les seules Mémoires sur sa vie que nous ait laissées une Romaine de l'Antiquité, qui expose ici, une soixantaine d'années avant la naissance du Christ, l'espérance qu'elle nourrissait en une immortalité bienheureuse grâce à son initiation aux mystères de Dionysos et à la fonction d'officiante qu'elle exerçait à la tête d'une communauté de dévots de ce grand dieu du paganisme. Gilles SAURON, 1999. Héritière d'une longue tradition où le pouvoir s'identifiait avec le culte du secret et de la dissimulation, l'aristocratie romaine avait accueilli avec faveur cette idée grecque que certaines vérités ne peuvent s'exprimer que dans le langage obscur de l'oracle ou celui allégorique du mythe (on songe au "Songe de Scipion" de Cicéron), et on riait à Rome de l'Ajax d'Ovide, incapable de comprendre le décor du bouclier d'Achille qu'il voulait pourtant s'approprier (Métamorphose s XIII, 291 -- 295), ou du Trimalcion de Pétrone, qui se croyait obligé d'accompagner d'inscrip-tions la mégalographie autobiographique que, à l'imitation des nobles romains qu'il ne faisait que singer, il avait fait peindre sur une paroi de son atrium (Satiricon, XXIX, 4). Devenus aux environs de notre ère de redoutables manipulateurs de formes (grecques pour l'essentiel), les nobles romains faisaient un double et contradictoire usage des symboles et des allégories : d'un côté, ils les utilisaient à des fins pédagogiques, pour marteler les thèmes de leur propagande, et Auguste était passé maître dans cette technique au point de remplacer l'usage de la parole articulée dans les spectacles théâtraux par l'art du pantomime qui transforme l'acteur muet en un symbole vivant, mais d'un autre côté, ils s'en servaient pour dissimuler aux yeux profanes et réserver à leur propre contemplation des vérités qui ne prenaient toute leur signification qu'exprimées dans le seul langage digne d'elles, celui des oracles, c'est-à-dire celui des dieux. C'est ce dernier langage que parle la mégalographie de la villa des Mystères : les figures y sont choisies et disposées pour former un texte, telles les images composées de l'"art de la mémoire" (ars memoriae), selon Cicéron (De oratore, II, 354 : simulacris pro litteris uteremur) ou les gestes du pantomime selon Cassiodore (Variae, IV, 51,9 : per signa composita quasi quibusdam litteris). Établir le lexique et la syntaxe utilisés par le concepteur de la fresque pour tenter de traduire la version imagée (imago) et de retrouver ainsi la version originale en langage articulé (sermo), telle est la seule tâche qui s'offre au candidat à l'exégèse d'une telle peinture. QUELQUES RÉFÉRENCES
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